Plan de la Bibliothèque Nationale de France, « Comté de Buffon », 1769-1771, BNF, Département des cartes et plans, GEDD431

L’histoire du Parc Buffon au fil du temps

Les origines
Premiers travaux. 1733-1736
L’emplacement des jardins de Buffon sur la plateforme
La pépinière royale
Qui a créé le Parc Buffon ? Pierre Daubenton (1703 – 1776), « âme botanique » de Buffon
Le chantier du Parc Buffon. Les données de l’archéologie
Arrosage des jardins. Les puits, citernes et bassins
Bassin de la 3ème terrasse
Les sources d’inspirations de Buffon
L’ornement des jardins. La statuaire et les bancs
Les orangeries de Buffon
L’héritage de Georges-Louis-Marie Leclerc de Buffon (1764-1794), dit “Buffonet”
Les jardins du temps de Buffonet 1788-1794
Le Parc Buffon après la Révolution
La vente des jardins en 1853 et 1885
Le parc Buffon au XXe siècle
Sources

Les origines

Buffon crée son jardin à partir de 1734 sur les vestiges du château des Ducs de Bourgogne. Les travaux gigantesques, entrepris par étapes successives au gré des acquisitions foncières, ont su composer avec ce qui était en place : un éperon rocheux, un système de fortifications médiévales et les reliefs bâtis. Transformés, taillés, comblés, rehaussés, la roche et les vestiges constituent le socle du jardin.

Buffon engage de nombreuses modifications : il remplit l’intérieur du rempart avec un mélange de terre et des pierres du château pour créer un unique niveau, rabaisse les remparts, modifie la Tour Saint-Louis pour y installer sa bibliothèque… Il conserve en l’état l’église Saint-Urse et la Tour de l’Aubespin.

Son Parc est aménagé autour de quatorze terrasses organisées en jardin à la française. Des arbres, des fleurs et des animaux des différents continents agrémentent le lieu. L’impressionnante liste des plantes cultivées dans la Pépinière Royale de Montbard ainsi que dans le Parc Buffon rend compte des expériences d’acclimatation.

C’est pour faire souffler à nouveau l’esprit de Buffon et donner au Parc une nouvelle vocation de jardin historique à l’ère écologique que la Ville de Montbard a engagé un ambitieux projet de rénovation du lieu. Les études historiques et archéologiques produites dans ce cadre, la découverte d’un plan du Parc Buffon du XVIIIe siècle, recoupés avec les données de terrain permettent d’en savoir plus sur la vie de Buffon, son œuvre et la construction de ses jardins. Entre Paris et Montbard, la vie de Buffon et de son parc se révèlent peu à peu.

Premiers travaux. 1733-1736

En août 1736, l’abbé Leblanc décrit son séjour à Montbard : « J’habite une des Tours du château de Montbard, j’ai des jardins charmants dont je dispose, où je suis aussi tranquille, aussi retiré qu’au milieu des bois et tout cela dans le meilleur air et dans la plus belle vüe du monde. Ce Chateau, par ses arrangements que Monsieur de Buffon y a faits a tout à fait l’air d’un chateau de féerie et moi vu mon équipage on peut bien sans me faire tort me prendre pour le magicien qui l’habite… »

Il apparaît donc clairement qu’à cette date, Buffon a déjà bel et bien fait édifier un jardin à l’intérieur d’une partie de l’enceinte de l’ancien château de Montbard. Mais à quel endroit exactement ? Car à cette époque, la plateforme du château ne lui appartient pas. Elle appartient au sieur Lorin, qui ne la vendra à Buffon qu’en 1742.

L’emplacement des jardins de Buffon sur la plateforme 

Ce premier jardin, d’une surface d’environ 6 980 m² est probablement  dès l’origine doté de terrasses et de bassins.  Depuis 1733, Georges-Louis travaille en secret pour Maurepas, pour lequel il réalise dans ses forêts du village de Buffon des expériences autour des bois de marine. En cela, il a sans doute déjà accès à certaines espèces étrangères importées par les navigateurs et botanistes. Mais ce n’est qu’à partir de 1739, une fois nommé au poste d’Intendant du Jardin du Roi, qu’il peut, en toute légitimité, envisager la plantation en masse d’espèces venues du monde entier à Montbard.

Dès lors Buffon utilise Montbard comme terrain d’expérimentation pour le Jardin du Roi. Pour cela, il n’utilise pas seulement son jardin. Sa pépinière, située en contrebas du village lui sert également de lieu de recherches, d’expérimentation et d’acclimatation.

La Pépinière royale                                          

C’est en 1724 que Louis XV demande la création de pépinières dans le Royaume : « le roi ayant fait connaître que son intention était que l’on prît deux arpents de terre dans chaque bailliage pour y faire des pépinières de toutes sortes d’arbres qui seraient distribués gratuitement à ceux qui en auraient besoin, soit pour leurs héritages, soit pour planter le long des grands chemins, afin que l’on pût conserver et même accroître le nombre des fruits pour l’avantage du public et le soulagement des pauvres. »

Sans que l’on sache vraiment s’il avait connaissance des directives royales en termes de pépinières, Buffon fait en 1734 l’acquisition d’un pré au Sud de Montbard et va consacrer de longs mois à ses plantations et expériences d’acclimatation. Cette pépinière jouera un rôle majeur dans la création du Parc Buffon et dans les futurs échanges avec le Jardin du Roi à Paris.

Ce qui étonne, à première vue dans l’impressionnante liste des plantes cultivées dans la Pépinière Royale puis dans le Parc, c’est sa diversité. On retrouve nombre de plantes venues d’Asie, d’Afrique, mais aussi, pour beaucoup d’entre elles, d’Amérique du Nord. Facilement acclimatables en France, les espèces américaines permettent d’envisager la remise en culture de  la forêt française.

Qui a créé le Parc Buffon ? Pierre Daubenton (1703-1776), « âme botanique » de Buffon

Frère aîné de Louis-Jean-Marie, Pierre Daubenton fut l’un des plus actifs collaborateurs de Buffon à Montbard. Avocat au Parlement de Bourgogne, il devient sous l’influence de Buffon un véritable botaniste, dont l’Encyclopédie conserve les écrits. Il occupera également les postes de maire (1756 à 1768), châtelain, lieutenant général de police et colonel des armes de la ville de Montbard, de subdélégué
de l’intendance de Dijon, capitaine de l’exercice de l’Arquebuse et enfin bailli des Abbayes de Moutiers-Saint-Jean et de Fontenay.

C’est probablement lui qui assure une grande partie du suivi du chantier et des ouvriers lors des grands travaux de création du Parc dès 1733. Et c’est à lui que Buffon confie également la gestion de la pépinière royale de Montbard. En 1742, il en arrache les arbres « curieux et etrangers » plantés depuis trois ans pour les transplanter sur le promontoire du château. Il contribue également à la reproduction et à la diffusion du platane : « En France, M. de Buffon en a élevé une prodigieuse quantité à Montbard. La bonne culture qu’il leur a fait donner, m’avertit de terminer cet article & de recommander la lecture de l’excellent article PLATANE du Dict. rais. des Sciences, &c. fait par M. d’Aubenton, subdélégué, qui depuis longtems a sous ses yeux & sous son administration, les belles collections du Pline moderne ».

Daubenton et Buffon sont aidés depuis au moins 1741 dans leurs expériences et tentatives d’acclimatation par Joachim Dauché [ou Daucher], en charge non seulement de l’entretien de la pépinière royale mais aussi des jardins de Buffon.

Le chantier du Parc Buffon. Les données de l’archéologie

On sait que dès 1733, Buffon a installé un jardin dans la partie Sud du site, (aujourd’hui propriété privée). Mais qu’en était-il du reste de la plateforme supérieure ?
Les bâtiments du donjon, dès 1715, sont décrits comme « entierment en ruine et Mazures inabitables », entourés de déblais, d’épines et de buissons. La chapelle Saint-Louis, partiellement ruinée, est encore utilisée jusqu’en 1741. Une grande partie des ruines de ses structures d’origine : fossé, pont-levis, logis, galeries, granges, écuries… est néanmoins toujours en place jusqu’en 1742.

En août 1742, Buffon envoie une requête au roi pour récupérer l’ensemble de l’éperon rocheux. Il déclare : « qu’ayant fait dans cet endroit des réparations très considérables, il désiroit d’acquérir aussi de sa majesté les places joignants pour avoir la totalité dudit château de Montbard. ». Louis XV lui accordera satisfaction.

A partir de 1742, l’intervention de Buffon est radicale, entraînant la disparition de la majeure partie des structures de l’ancien château. Buffon arase littéralement le site, afin d’en égaliser le sol. Le père Ignace, cité par Nadault, dit à ce propos : « C’est au retour de ses voyages d’Italie et d’Angleterre, qu’il a fait la création de ses immenses et superbes jardins, dont il a enlevé plus de quatre-vingt mille tombereaux de déblais, et qui ne présentaient auparavant que l’aspect d’un coteau rocailleux. »

Buffon s’attaque parallèlement à la démolition des vestiges du château et au comblement de la cour-basse. Les déblais issus des ruines du château sont en effet jetés en contre-bas de la Tour de l’Aubespin et à l’intérieur de la chapelle Saint-Louis et des salles souterraines du château.

Confronté à un sous-sol contrasté, à des roches affleurantes, à des édifices bâtis sur différents niveaux de terrasses, Buffon improvise. En détruisant ou conservant partiellement les sols anciens, Buffon laisse la possibilité aux eaux de ruissellement de s’écouler ou de stagner.

Il est un autre critère sur lequel Buffon comptait sans doute pour gérer les eaux de la plateforme, c’est le pompage de ces mêmes eaux par le racinaire des plantes. Si cette fonction permettait autrefois de gérer la teneur en eau des sols, elle n’est plus utilisée de nos jours, les quelques rares arbres qui émaillent çà et là le parc ne permettant visiblement pas de maintenir un équilibre suffisant pour empêcher toute incidence de l’eau sur les maçonneries périphériques. 

Arrosage des jardins. Les puits, citernes et bassins

La question de l’eau est centrale au cœur des jardins de Buffon, qui plus est sur une butte rocheuse. La plateforme supérieure du Parc Buffon ne comporte pourtant que deux puits. Au Sud, le puits médiéval et au Nord celui identifié comme « le puits du Donjon ». A l’origine, l’édifice devait sans doute alimenter en eau la cour basse du château. Cette cour ayant été comblée et rehaussée par Buffon, le conduit de l’ancien puits pourrait avoir été monté au fur et à mesure du comblement de la cour basse.

Bassin de la 3ème terrasse

Buffon se serait inspiré, pour créer ses jardins de Montbard, non des parcs paysagers anglais dont la mode se développe en France dans le courant du XVIIIe siècle, mais plutôt des jardins à la française dont l’art fut porté à son apogée par André Le Nôtre durant le règne de Louis XIV. Néanmoins, à la différence des grands jardins à la française, dont le parcours était rythmé par l’eau, le parc de Buffon ne comporte dans sa partie Nord, qu’un seul bassin, situé sur la troisième terrasse des promenades. Il est attesté par le plan de 1769 -1771.

Les sources d’inspirations de Buffon

L’aspect des jardins du temps de Buffon nous est connu par le plan daté des années 1769-1771, deux inventaires après décès réalisés en mai et septembre 1788, l’inventaire révolutionnaire de mars 1795 ainsi que la description des lieux faite par Nadault de Buffon en 1855.

Si l’on se réfère à l’ensemble de ces témoignages, se dessine un Parc aux influences diverses dont le modèle de base serait plutôt à chercher du côté de ceux créés au XVIIe siècle par Le Nôtre. On retrouve en effet à Montbard de nombreuses formes issues du jardin à la française : grandes perspectives, multiplication des treillages et croisillons de bois, cabinets de charmilles, quinconces, labyrinthes de verdures, bordures de buis, parterres ornés de fleurs, statuaire, pots de fleurs utilisés tels des éléments de décor…

Mais il y a aussi au sein des jardins de Buffon, une grande part expérimentale. Buffon plante des espèces de grandes tailles en rangs serrés. La présence de sept ou huit sycomores au centre du parterre de l’étoile ou encore d’une trentaine de platanes démontre à elle seule la méconnaissance que l’on avait alors de la croissance réelle de certaines plantes.

On peut penser en cela que le naturaliste se servait de ses jardins comme d’un terrain d’expériences, ôtant certains arbres devenus trop grands, replantant au gré des nouvelles espèces que lui envoyaient les explorateurs lors de leurs voyages.

D’après les dernières recherches, le parc contenait en effet nombre d’espèces végétales étrangères, issues en grande partie d’Amérique du Nord ou du Canada. Buffon semblait par ailleurs avoir une prédilection particulière pour certaines espèces à feuilles ou fleurs panachées.

Outre cette curiosité liée au Siècle des Lumières et ce collectionnisme, Buffon était doté d’une particularité qui explique aussi sans doute ses choix de plante ou de style : d’après son témoignage, et celui de ses contemporains, il était atteint d’une forte myopie. Les questions de perspectives ou d’axes de vue lui importaient donc peu, la vue de près ou les effets de masses végétales l’emportant en termes de vision sur le grand paysage, invisible à ses yeux.

En partie basse, le parc était accessible aux montbardois. Et dans son ensemble, aux nombreuses personnalités venues le rencontrer à Montbard. Le jardin haut, en revanche, lui était réservé. Refuge de ses pensées, c’était également probablement un lieu de démonstration de ses expériences.

L’ornement des jardins. La statuaire et les bancs

De nos jours, il ne reste de l’ensemble des statues réunies par Buffon que peu d’éléments : la colonne érigée par Buffonet en 1785, la Vénus callipyge conservée au rez-de-chaussée de la Tour Saint-Louis, un vase de pierre…

Les orangeries de Buffon

L’existence d’une orangerie à proximité de l’Hôtel de Buffon est attestée formellement depuis 1742 seulement. Buffon l’agrandit dans les années 1780.

Le secteur est dès lors constitué de deux orangeries vitrées, chauffées en hiver par des poêles. Le nombre de caisses et de pots que contenaient ces serres à la fin du XVIIIe siècle est assez conséquent. Au moins 79 caisses pour arbrisseaux et arbustes, ainsi que nombre de grands pots et plus de 150 vases en terre cuite ou faïence.

A partir de 1885, l’Hôtel de Buffon, acheté par la Mairie de Montbard, est transformé en école primaire supérieure. La plus grande des serres est utilisée par les écoliers en tant que gymnase. L’édifice, qui n’est cependant pas des plus adapté, est finalement détruit, ainsi sans doute que la plus petite des serres, au Sud. A la place de cette dernière, on édifie un petit bâtiment en dur surmonté d’un étage et d’un toit à quatre pentes.

L’héritage de Georges-Louis-Marie Leclerc de Buffon (1764-1794), dit « Buffonet » 

Après le décès de son père le 26 avril 1788, Georges-Louis-Marie Leclerc de Buffon est apparemment à la recherche de fonds.
Il demande ainsi en octobre 1788 aux Etats de Bourgogne à être maintenu dans les droits que son grand-père avait obtenus sur les petits domaines de Montbard.

Si cette démarche de prise en main de l’héritage paternel paraît légitime, elle rencontre cependant de nombreux obstacles. Personnels tout d’abord. Car si Buffon paraît avoir été vénéré en son temps par les habitants de Montbard, il n’en est pas de même pour Buffonet dont l’image est depuis de longues années ternie par ses frasques et sa réputation de bon vivant.

Renonçant à prolonger l’œuvre intellectuelle de son père, il vend à Charles-Joseph Panckouck en janvier 1789, pour la somme de 20 000 livres les planches enluminées et les manuscrits laissés par Buffon, soient 1008 cuivres de planches enluminées, toutes relatives à l’Histoire naturelle des oiseaux, 1068 cahiers desdites planches enluminées et différents mémoires, notes, lettres, manuscrits « en état d’être imprimés ». Durant l’année 1791, Buffonet continue à lutter pour conserver ses biens. Il éprouve également des difficultés à se faire rembourser les avances consenties par son père pour l’embellissement et l’agrandissement du Jardin du Roi.

Lorsqu’éclate la Révolution, Georges-Louis-Marie Leclerc se prononce en faveur des idées nouvelles et des réformes. Le prestige de son nom lui vaut d’être élu colonel de la Garde Nationale de Montbard, puis, le 18 mai 1790, général de la Confédération des Gardes Nationales des quatre départements de la ci-devant province de Bourgogne. On lui demande pour cela de renoncer à ses titres et à sa particule. Il répond à l’injonction par une lettre enflammée, mais peu prudente en ces temps troublés : « Le nom de Buffon, que mon père a toujours porté et qu’il a tant illustré, est devenu pour moi la partie la plus chère de mon patrimoine (…) C’est à l’abri de sa mémoire, de sa réputation et de sa gloire que je place ma  demande… Les titres, les armes, je les quitte sans regret, mais il m’est impossible de renoncer à ce nom. »

Face à cette situation, il n’est pas impossible que Buffonet ait alors pensé à l’émigration. Mais pour cela, il lui faut de l’argent. Est-ce pour cette raison qu’il décide, au début de l’année 1793, de mettre en vente son domaine de Montbard ?

Buffonet n’aura pas le temps de mettre son projet à exécution. Le 6 avril 1793, il est placé sur la liste des émigrés du département de la Côte-d’Or, et le 7 les scellés sont apposés sur ses possessions montbardoises, désormais considérées comme biens nationaux. Chassé littéralement de Montbard et après avoir tenté pendant plusieurs mois de prouver son innocence et sa fidélité à la République,  Georges-Louis-Marie Leclerc est finalement arrêté à son domicile parisien le 19 février 1794. Il est exécuté le 10 juillet 1794.

Les jardins du temps de Buffonet 1788-1794 

Jusqu’au début de l’année 1793, le parc semble conserver le faste que leur avait donné leur illustre créateur.

D’après les inventaires et descriptions des lieux réalisés entre août et novembre 1794, l’ornement des parterres de l’hôtel de Buffon et de ceux de l’orangerie sont alors en bon état. Dans le jardin haut, en revanche, la statuaire est décrite comme « mutilée », des pans de treillages ont été arrachés, des pots brisés. Certains parterres ont même été vidés de leurs plantations, pour être remplacés, selon Edme Rigoley, Maire de Montbard, par des garennes de lapins.

Le maire attribue ces multiples dégradations et mutilations au seul Buffonet.

Il n’est pas impossible qu’en ces temps troublés, certaines âmes vengeresses aient décidé de faire justice elles-mêmes, comme ce fut le cas quelques années plus tard.

Le Parc Buffon après la Révolution

Le 28 septembre et 17 novembre 1794, un certain nombre d’objets – livres, instruments scientifiques, cartes, plans de l’hôtel et des jardins – considérés comme utiles aux Arts et aux Sciences, sont envoyés au chef-lieu de district à Semur-en-Auxois. La vente aux enchères du mobilier du « condamné Leclerc Buffon » se déroule du 26 octobre au 16 novembre 1794.

Après plus d’un an de démarches, la veuve de Buffonet réussit à faire réhabiliter son mari et obtient de la part du Comité de Législation, le 11 août 1795, que le séquestre apposé sur ses biens, meubles et immeubles soit levé et que ses héritiers ou ayant-cause soient réintégrés dans la possession desdits biens.

Pour défendre ses intérêts, la Comtesse de Buffon est engagée dans un certain nombre de procès longs et coûteux qui l’obligent à emprunter. Devant faire face à une situation financière difficile, entre 1799 et 1801, elle vend une partie de son mobilier pour rembourser les créanciers et s’acquitter de ses impôts. Dans ces conditions, faute d’entretien, les jardins qui avaient fait la fierté de Buffon dépérissent lentement.

Pourtant, le respect qui entoure la mémoire de leur créateur ne faiblit pas. Ses jardins continuent à être admirés. En 1814, lors de l’invasion du territoire français, l’Empereur Alexandre, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume et le Grand Duc Constantin font une halte à Montbard. Le généralissime des armées alliées, le Prince de Schwarzenberg, écrit à ce sujet à la Comtesse de Buffon : « La résidence de l’historien de la nature doit être sacrée aux yeux de tous les amis de la science ; c’est un domaine qui appartient à l’humanité. »

A partir de 1840, la Comtesse de Buffon est contrainte d’hypothéquer une partie de l’hôtel et des jardins. En 1850 elle doit même vendre les trois terrasses inférieures et une partie de la quatrième terrasse de ses potagers. Lorsqu’elle décède le 16 mai 1852, la Comtesse institue pour légataires universels Alexandre-Henri et Renée-Louis Nadault de Buffon, enfants mineurs de Benjamin-Hippolyte Nadault de Buffon, son petit-neveu.

La vente des jardins en 1853 et 1885

En tant que légataires universels, Alexandre-Henri et Renée-Louis Nadault de Buffon héritent de l’hôtel et des jardins, mais également des hypothèques et des créances qui y sont attachées. Ne pouvant supporter les conséquences financières de cet héritage, ces derniers se séparent de l’ancienne demeure familiale. La propriété est vendue à Monsieur Mathieu Desgrands, négociant à Messine (Sicile) en 1853 qui entreprendra de grands travaux à l’intérieur de l’Hôtel Buffon. A la mort de la veuve Desgrands en 1881, sa fille décide de mettre en vente l’ensemble du domaine.

Le 1er avril 1885 la ville de Montbard décide l’acquisition, au prix de 150 000 francs, du château et du Parc Buffon. Le 8 août 1885, l’acte de vente est signé par le Maire de Montbard, Louis-Auguste Gaveau.

A partir de 1888 et pendant près de cinquante ans, d’importants travaux de restauration des murs de soutènement, des murs d’enceinte et des bâtiments sont réalisés.

Le parc Buffon au XXe siècle

En 1901, la société archéologique de Montbard installe un musée dans la Tour Saint-Louis, consacré aussi bien à l’archéologie régionale qu’à la mémoire de Buffon. L’ensemble du patrimoine bâti est en mauvais état de conservation.

Après la seconde guerre mondiale, durant laquelle d’importantes dégradations ont lieu, de nouveaux travaux sont nécessaires. Le Parc Buffon est devenu le lieu de promenade favori des montbardois et l’espace privilégié de toutes les fêtes : locales ou patronales, nationales ou liées aux célébrations du centenaire puis du bicentenaire de la mort de Buffon.

L’intérêt patrimonial du site est reconnu dès 1862. La Tour de l’Aubespin, suite à une visite de l’architecte Viollet-le-duc est classée Monument Historique. C’est l’un des premiers monuments de Côte-d’Or a bénéficié de cette protection.

Puis, le 16 mars 1934, « le Parc Buffon de Montbard est classé parmi les sites et monuments naturels de caractère historique, artistique, scientifique, légendaire ou pittoresque ». Cet arrêté de classement pris par le Ministère de l’Education Nationale est confirmé par des mesures de protection en 1945 (abords du parc, pavé, maisons gothiques et Hôtel Buffon inscrits au titre des Sites) et en 1947 (classement Monument Historique du Parc Buffon, de ses grilles et des bâtiments compris dans l’enceinte, orangerie, Tour Saint-Louis et cabinet de travail). L’Hôtel Buffon proprement dit et ses terrasses sont classées Monument Historique en 1988, l’intérieur étant inscrit à l’Inventaire Supplémentaire par la même occasion.

 

Sources

Textes écrits dans le cadre du projet de visite virtuelle du Parc Buffon par Emmanuel LABORIER, archéologue INRAP Bourgogne-Franche-Comté et Lionel MARKUS, directeur du Musée et Parc Buffon,
à partir des études historiques réalisées dans le cadre du schéma directeur de réaménagement du Parc Buffon « Etude historique et archéologique. Anne Allimant-Verdillon, septembre 2016 »
(© Archives du Musée et Parc Buffon).

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